Ouzo en Grèce, mastika en Bulgarie, raki en Turquie ou encore aguardiente en Espagne, le goût pour l’apéro anisé est très répandu et remonte à loin ! Déjà à l’époque romaine, on trouvait du vin d’anis. C’est la base de la recette du pastis : un mélange de plantes aromatiques naturelles et d’épices et qu’on boit traditionnellement avec de l’eau bien fraîche.
En France, c’est à la fin du XIXe siècle que la société Pernod commercialise un breuvage anisé à des fins médicamenteuses. Au début du XXe, c’est notamment autour des ports de commerces acheminant les épices anisés dont Marseille, que la tradition anisée s’est ancrée pour l’apéro. C’est en 1932 que le mot pastis apparaît officiellement dans la boisson du célèbre Paul Ricard qui innove en incluant de l’anis étoilé, de l’anis vert et de la réglisse dans sa recette. Son pastis de Marseille est lancé.
Une véritable frénésie s’empare alors de la Provence où il est présent dans tous les bars. Chaque marque personnalise ses recettes de pastis en ajoutant à l’anis d’autres plantes aromatiques. Depuis lors, le goût pour l’apéro anisé ne s’est pas démenti et Ty Jaune, le pastis breton, s’inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs avec un spiritueux artisanal plébiscité par les Bretons (et pas que !).
« Lorsque j’étais petite, ma grand-mère m’a offert une loupe.
Je passais mon temps à observer par terre les feuilles, les fourmis… »
Sylvaine Le Meur est une chercheuse avant d’être entrepreneuse. Un profil double, complémentaire et combiné à une forte personnalité. Elle n’aurait pas imaginé créer son entreprise artisanale de spiritueux lorsqu’elle a soutenu sa thèse de doctorat en 2015 à la prestigieuse école Polytechnique de Zurich (ETHZ). Elle a pourtant créé le pastis Ty Jaune en 2019, dans le Finistère, grâce à son expertise en biotechnologie, microbiologie et bioprocédés !
Aujourd’hui elle se qualifie elle-même, de « multitâches», impatiente de montrer à tout le monde que la Bretagne fabrique intégralement un spiritueux de grande qualité.
« De la boutade à la bouteille ou comment une blague familiale se transforme en belle aventure entrepreneuriale. »
Sylvaine son truc à elle c’est la nature et le vivant, tout ce qui commence par BIO : biologie, bioprocédés, biochimie… une vraie Biowoman quoi ! C’est aussi une hyperactive alors quand elle s’ennuie pendant ses vacances, son père la met au défi de trouver LA recette du Pastis Breton.
« – Tiens puisque t’es chercheuse, t’as qu’à la trouver !
– Trouver quoi ?
– Ben la recette du pastis breton ! »
Trois étagères, quelques tubes et flacons et hop ! Sylvaine monte un labo dans son garage. Déjà petite elle adorait aider ses grands parents à embouteiller la production familiale de cidre.
Pendant plus d’un an, elle plonge dans les études bibliographiques sur le pastis et grâce à son background scientifique elle met au point un process de fabrication. Elle teste, elle assemble, elle rate, elle recommence jusqu’à trouver LA recette à l’équilibre parfait associé à la petite touche Bretonne qui fait la différence.
Reste un dernier détail : passer le crash test du plus grand connaisseur de pastis de tout l’Ouest : Jean-Charles. Son père.
Fébrile, Sylvaine attend son jugement avec impatience.
« Gast ! Cuiçi est excellent ! »
Sylvaine est soulagée, son pastis Breton est né ! Elle le baptise direct sans passer par la case mairie : ce sera Ty Jaune !
Forcément.
Depuis, sa formule secrète est bien gardée à la Pointe Bretonne, tandis que le garage a été troqué contre un atelier de production ultramoderne, travaillant sans relâche à ensoleiller l’apéro breton !
Un Pastis de Bretons pour les Bretons, mais pas que !
Chez Ty Jaune, la préférence est donnée au breton. Aucun sous-traitant n’intervient dans sa fabrication. Même les étiquettes sont faites en local et les cartons qui contiennent les bouteilles de Ty Jaune près de Lamballe. Production, encapsulage, étiquetage, toutes les étapes de la réalisation à la finalisation du précieux liquide se réalisent à l’atelier de Ploudaniel.
Fort du constat que les Français consomment 130 millions de litres de pastis chaque année (soit 2 litres par personne par an), Ty Jaune entend bien venir tailler des croupières à la multinationale du Cac 40, en faisant profiter de sa production locale au plus grand nombre et étendre la bonne parole du Pastis Breton au travers de la Gaule.
Supermarchés, bars, caves, salons, festivals, Ty Jaune ne cesse de s’étendre au travers du territoire, afin que le pastis Breton ne soit jamais bien loin lorsqu’un apéro se profile.